Pour vous mes amis/es, pour ceux et celles pour qui la SANTÉ c'est
important je partage cet article. C'est un article très long mais qui
mérite d'être lu en entier...
VRAIMENT!!! J'adhère à 150%.... Prenez le
temps de le lire comme il faut... après tout c'est VOTRE santé :)
Pour
retrouver la vraie santé, donnez à votre vie un sens -Dr Thierry Janssen
Fluidité, Confiance et Cohérence sont les trois clés de la santé que les
guérisseurs enseignent aux médecins modernes en quête de sens. Thierry Janssen,
chirurgien réputé, a voulu tout quitter pour traverser une initiation où la
thérapie d’avant-garde renoue avec les savoirs humains les plus anciens.
Urologue réputé, primé « meilleur chirurgien de Belgique » – on venait de
toute l’Europe se faire opérer par lui –, Thierry Janssen abandonne brusquement
sa carrière, en 1998, à l’âge de 36 ans, quand il réalise que la médecine
occidentale est inhumaine, notamment parce que sourde à la quête de sens qui se
cache derrière bon nombre de nos maladies. Après différentes aventures (il a notamment
été directeur général d’Armani France !), il retrouve sa vocation de soignant,
grâce à une formation de guérisseur aux États-Unis. Devenu psychothérapeute, il
publie plusieurs livres, dont le plus important, La solution intérieure,
a connu un sort étrange en France : alors que les publics belge, suisse et
québécois lui faisaient aussitôt bon accueil, les Français sont restés
réticents pendant six mois… avant de brusquement découvrir cet ouvrage de
qualité, où nous est proposée une synthèse majeure entre les innombrables
médecines du corps, des émotions et de la psyché, d’Occident, mais aussi
d’Orient.
CLES : L’idée que notre esprit peut guérir notre corps est-elle aujourd’hui
scientifiquement prouvée ?
Thierry Janssen :
Oui, mais c’est la moitié d’une vérité. Nous savons désormais que toute
réalité est information, que l’être humain sait traiter l’information de façon
symbolique, par le langage, la pensée, la volonté, et que cela agit sur ses
mécanismes physiologiques. Mais instantanément, ces derniers agissent en retour
sur l’esprit. L’esprit agit sur le corps et le corps agit sur l’esprit, c’est
inséparable. Avoir des pensées positives peut m’aider à réparer mes cellules,
mais pratiquer la respiration méditative peut m’aider à clarifier ma pensée. Voilà
pourquoi j’ai bâti mon livre, La solution intérieure, en trois parties : 1°)
Une médecine de l’esprit pour soigner le corps, 2°) Une médecine du corps pour
soigner l’esprit, 3°) Une médecine de l’énergie, car le concept d’énergie est
celui qui permet de faire un lien entre ces deux pôles. Un être humain, c’est
une globalité : de la pensée, des croyances, des émotions, un corps. Comprendre
la pleine santé, c’est avoir l’ambition d’aborder cette globalité. Le grand
Linus Pauling, prix Nobel de chimie et prix Nobel de la paix, disait : « La
vie, ce ne sont pas les molécules, mais les liens entre les molécules. » La
vie, c’est l’interaction qui existe entre vous et moi, à l’instant même.
Indépendamment de tout lien, nous ne sommes pas vivants. La médecine doit
urgemment retrouver le lien, et cela ne se fera qu’en travaillant de manière
transdisciplinaire. Hélas, même la psycho-neuro-immuno-endocrinologie, qui est
une approche scientifique rigoureuse, n’est pas enseignée aux étudiants
d’aujourd’hui – chacune de ces disciplines continue d’évoluer séparément.
Certes, les choses changent doucement… J’ai ainsi pu créer pour l’université de
Bruxelles un cycle de séminaires destinés aux médecins, intitulé « Aider nos
patients à se guérir », dont l’aspect holistique de l’être humain constitue
l’axe.
Il aura paradoxalement fallu descendre jusqu’aux molécules pour que les
neurologues, les endocrinologues et les immunologistes s’aperçoivent qu’ils
travaillaient en fait sur les mêmes processus et qu’une personne formait un seul
système.
Cette lapalissade devrait nous pousser à la modestie. Denys Noble, prof de
génétique d’Oxford, dit : « Il va falloir beaucoup d’humilité aux généticiens,
parce qu’en l’an 2000, on a cru qu’en décryptant tout le génome, on avait la
clé générale de l’être humain et qu’en manipulant un gène, on pouvait supprimer
une maladie ; mais on s’est vite aperçu qu’en touchant un seul gène, on en
déréglait vingt autres et que tout ça était beaucoup plus subtil qu’on ne
l’avait cru. » On a démonté le puzzle, maintenant il va falloir le remonter et
l’entreprise s’avère infiniment plus complexe ! Les généticiens ont isolé les
gènes les uns des autres, sans se soucier de tous les liens qu’ils coupaient
ainsi. Comme si nos gènes étaient des corps morts, alors qu’ils vibrent ! C’est
là que la dimension « énergétique » entre en jeu, avec les apports essentiels
des médecines indienne et chinoise: ce qu’on appelle énergie dans ce contexte,
c’est justement le continuum entre le physique, l’émotionnel, le psychique.
Heureusement, on commence à s’en rendre compte, par exemple à l’Unesco, où l’on
m’a invité à participer à la création d’un Département de recherche sur la
médecine énergétique et quantique. Ou bien à l’OMS où, dès le départ, on a eu
l’intuition de définir la santé comme « un état de bien être à la fois
psychique, physique et social » : si l’une de ces trois conditions vient à
manquer, vous tombez dans la pathologie.
Diriez-vous que, dans le processus de guérison, l’essentiel vient du dedans
de la personne ?
C’est tellement évident. Mais les médecins occidentaux vivent dans un
paradigme où l’on est convaincu que seules les solutions extérieures,
c’est-à-dire les leurs, pourront
guérir le patient : leur chimiothérapie, leurs actes, leurs méthodes. Et
malheureusement, quand leurs molécules ne marchent pas, ils n’y croient plus,
oubliant qu’ils ont juste négligé de mobiliser l’immense potentiel des
solutions intérieures. La médecine d’Occident coupe tous les liens : coupée
elle-même de la nature, elle coupe l’individu en morceaux. Mais elle coupe
aussi le médecin de ses patients, n’enseignant pas l’empathie aux
étudiants, qu’elle jette dans la vie active inconscients des transferts et des
contre-transferts qu’ils vont avoir à traverser – un siècle après que Freud ait
découvert ces processus fondamentaux, c’est d’un obscurantisme grave ! Attention,
loin de moi l’idée que l’individu saurait se guérir uniquement par lui-même.
Mais aujourd’hui, on essaye absolument de nous convaincre de l’inverse : l’être
humain ne pourrait se guérir qu’au moyen d’une gigantesque logistique extérieure. La vérité est juste au
milieu. Et je dis à mes confrères «
aidons nos patients à SE guérir. » Ça nous ôte un peu de pouvoir, mais nous
donne un rôle tellement plus beau ! Aucune des solutions intérieures ne
représente la panacée, mais elles interviennent forcément dans toute guérison.
Et parfois, elles suffisent. Elles peuvent jaillir des profondeurs de
nous-mêmes, comme elles peuvent émerger de la rencontre avec autrui. C’est
toute l’histoire de l’effet placebo.
Le placebo ! Voilà longtemps qu’on y croyait sans y croire. N’est-on pas en
train de décrypter enfin son mystère, notamment grâce aux nouvelles techniques
d’imagerie corticale ?
La sémantique de l’effet placebo était mal posée. Quand, en 1955, à
Harvard, Henry Beecher sort son étude – où il montre que 30% des gens qui
prennent un anti-douleur placebo, c’est à dire en fait un grain de sucre,
répondent bien et n’ont plus mal –, on se situe encore dans une vision
dichotomique de l’être humain, avec un corps et un esprit scindés. La réaction
immédiate fut que l’on douta de la réalité des douleurs traitées en disant : «
C’était donc des douleurs imaginaires. » Mais les malades imaginaires, ça n’a
rien à voir avec l’effet placebo : ça existe, ce sont des hypocondriaques, qui
ont mal un peu partout et transforment la moindre gêne en catastrophe, parce
qu’ils sont anxieux. L’effet placebo,
lui, traite des malades présentant de vrais symptômes et Bitcher le
montre déjà – par exemple des douleurs post-opératoires bien réelles, que la
pilule de sucre réussit mystérieusement à éliminer. Aujourd’hui, nous savons
que cela n’a rien à voir avec une simulation ou un fantasme. Grâce aux
nouvelles imageries du cerveau, on a compris que le placebo agissait réellement
sur le circuit de gestion de la douleur, car les aires cérébrales impliquées
dans les réponses placebo sont les mêmes que quand l’organisme répond à des
produits anti-douleur – et on a pu montrer que pour un très grand nombre de
médicaments, le produit avait, en plus de son action objective, un effet
placebo supplémentaire. Qui y est sensible ? Bitcher avait établi que 30% des
patients répondaient au placebo. Dans les études actuelles, ce pourcentage
monte souvent à 70% et certains chercheurs estiment qu’en réalité, l’effet
placebo joue sur tout le monde.
L’effet lui-même ne dépend-il pas de la confiance que le patient fait à son
soignant ?
Bien sûr ! De quoi parlons-nous ? D’un effet dû à la conviction du patient
qu’on va le soigner efficacement. Or, cette autosuggestion dépend en grande
partie de la façon dont le traitement lui a été prescrit, donc du soignant.
C’est l’interaction thérapeutique qui influence toute cette mobilisation de la
pensée, des émotions positives, des mécanismes réparateurs du corps. De plus en
plus d’éléments alimentent une théorie du placebo, qui permet de comprendre
qu’il agit de deux façons : 1°) générale, 2°) spécifique. D’abord, un patient
qui prend un médicament en placebo, convaincu qu’il aura l’effet promis,
stimule déjà en lui, involontairement,
la genèse et l’auto-entretien d’émotions positives, avec activation du cortex
préfrontal gauche et stimulation du système nerveux parasympathique – celui qui
régit le relâchement du corps et la mise en route des mécanismes réparateurs du
corps, avec stimulation de l’immunité cellulaire, notamment les fameuses
natural killer cells (NK), espèce de gendarmes qui patrouillent dans le corps
entier pour essayer de trouver des cellules cancéreuses. Ça, c’est l’effet
général, dû au fait que l’on croit que ça va marcher, sans même y penser. C’est la cascade des réactions
psycho-neuro-endocrino-immunologiques positives.
À l’inverse d’ailleurs, si l’on annonce au patient une mauvaise nouvelle,
si on lui dit par exemple que son médicament est un poison, on va provoquer un
effet nocebo, c’est à dire une
cascade de réactions psycho-neuro-endocrino-immunologiques négatives :
convaincu d’avoir avalé un poison (même si c’est faux), le patient va stimuler
son système d’alarme, c’est-à-dire cette fois son système nerveux sympathique,
avec stress, augmentation des taux de cortisol et d’adrénaline, accélération
cardiaque et danger d’épuisement du système immunitaire. Le système d’alarme
(sympathique) est vital pour combattre ou fuir, mais s’il perdure, ou s’il est
trop violent, il nous fragilise et peut aller jusqu’à nous tuer (c’est le coup
des gens qui meurent d’émotion devant leur écran de télévision parce que leur
équipe vient de perdre). Une étude citée par David Servan-Schreiber dans Psychologies,
montre que les personnes âgées, en maison de retraite, ne développent toutes sortes
de troubles que si elles captent des messages négatifs par rapport au grand
âge. Si ces personnes sont à l’abri de ces messages, elles ne vivent pas du
tout les mêmes problèmes. Reprenons donc la pensée du Pr Robert Hahn, qui
enseigne l’anthropologie à Harvard et qui, depuis 1997, met en garde la presse,
écrite et télévisée, contre les messages négatifs qu’elle diffuse en toute
inconscience. Hahn explique que ces messages agissent comme des sortilèges
jetés sur la population.
De ce point de vue, nous demeurons pareils aux humains préhistoriques, qui
pouvaient mourir parce qu’une « parole magique mortelle » leur avait été
adressée. Je parle dans mon livre de l’histoire aborigène rapportée par le Dr
Lambert, ami du physiologiste Walter Canon. Ces chercheurs étaient interpellés
par le fait que les peuples d’Australie ou de Nouvelle Calédonie étaient
capables de se tuer par de simples mots. Certes, c’était « dans la tête », mais
leurs corps mouraient vraiment ! Or, rien n’a changé. En tant qu’humain, nous
sommes sujets aux phénomènes de
suggestion et de prescription symbolique beaucoup plus que nous le pensons.
C’est une question grave, qu’il ne faut pas prendre à la légère. Depuis
quelque temps, on voit des thérapeutes faire état de la possibilité d’une «
lecture symbolique du corps et des maladies ». Bravo, mais attention ! À mon
avis, beaucoup manquent de rigueur et de recul. Certains ont même quelque chose
de fanatique, tendant à enfermer les patients dans des systèmes « sorciers » de
croyances culpabilisantes. Tel conflit, tel trauma, telle parole agressive
provoqueraient forcément un cancer, ou un autre mal mortel, dont vous ne
pourriez guérir qu’en remontant à la source du problème, etc. Beaucoup de gens
sont séduits, tant ils sont assoiffés de sens. Dans certains cas, ça marche,
parce qu’un « effet sorcier » placebo peut évidemment jouer. Mais souvent, je
constate que ça jette des sorts négatifs. Les gens se sentent prisonniers de
situations sur lesquelles ils ne peuvent pas grand-chose et ça les enfonce plus
que ça ne les aide. Et ces thérapeutes ne se rendent pas compte qu’ils peuvent
devenir carrément dangereux – en toute bonne
foi ! Un conseil : ne vous contentez pas des présentations orales, lisez
les textes, vérifiez leur cohérence de fond. Il faut du discernement. Ce sont
des questions où l’on ne peut pas, sous prétexte de « tisser des liens » entre
tout et n’importe quoi, se permettre la moindre discontinuité logique.
On a donc vu le placebo (ou nocebo) général. Et qu’appelez-vous « placebo
spécifique » ?
À côté de la cascade de réactions involontaires dont nous venons de parler,
notre pensée cognitive rationnelle peut entrer en jeu (« je sais que ce
médicament va me faire du bien »), provoquant une émotion (« je me sens déjà
mieux »), qui va elle-même avoir un effet physique (« je constate que
l’inflammation de ma gorge s’est atténuée »). Autrement dit, la pensée positive
volontaire, à la façon de la méthode Coué, trouve là son explication : nous
pouvons décider d’aller mieux, et cela a des chances de fonctionner.
Notre compréhension de l’effet placebo nous ouvre-t-elle de nouvelles
perspectives ?
Fantastiques ! Malheureusement, dans les hôpitaux universitaires, on
travaille beaucoup avec les laboratoires pharmaceutiques, dont la principale
préoccupation est justement de « repérer l’effet placebo » et de « l’éliminer »
des recherches – comme si c’était un empêcheur de soigner en paix, alors que
c’est un allié ! C’est qu’il s’agit de prouver la toute-puissance de la
molécule, donc de la société pharmaceutique qui va s’enrichir dessus. On
comprend la logique, mais elle est devenue mortelle. Ce besoin de tout
contrôler nous vient du XVII° siècle. C’est Descartes, c’est Locke : l’homme se
situe en dehors de la nature, que sa mission est de contrôler, et la raison
peut nier le corps. L’épistémologue Isabelle Stengers et l’ethnopsychiatre
Tobie Nathan m’ont dit un jour : « Finalement, l’effet placebo, c’est la
blessure narcissique des médecins, ça leur renvoie qu’il n’y a pas qu’eux qui
guérissent et ça leur est insupportable ! »
Cela dit, on peut aussi voir le verre à moitié plein ! En réalité, je suis
un homme heureux. L’université de Bruxelles et l’Université de Louvain
m’invitent à donner des cours sur les liens corps-esprit, c’est incroyable !
Quand je fais une conférence à Bruxelles, il y a plus de mille personnes par
salle, avec au moins deux cents médecins chaque fois. Je reçois du courrier de
partout. Même de France, qui est tout de même le pays le plus conservateur
d’Europe !
Vraiment ?
Le Pr Didier Sicart, qui préside en France le Comité d’éthique de la
biologie, vient de m’écrire en me disant : « Vous avez fait un livre de ponts,
un livre horizontal, et dans notre culture, c’est bien, car nous enseignons de
manière beaucoup trop verticale. » Mais il termine en disant : « Tout ce que
vous dites est rigoureusement exact. J’ai juste un peu peur que tout ça reste
une utopie. » Je lui ai répondu: « Mais enfin, vous faites justement partie des
gens qui peuvent faire changer les choses ! Si vous ne pouvez rien faire, alors
qui ? » Comme dit une phrase de Borgès, que j’ai reprise en conclusion de mon
livre : « L’utopie n’est visible qu’à
l’œil intérieur. »
En réalité, je pense que sans spiritualité, dans la médecine comme dans
toute la société, le XXI° siècle ne sera pas ! Je n’entends pas le mot
spiritualité au sens religieux, mais plutôt comme un désir de comprendre le
monde intérieur : comment ça fonctionne ? Quelles causes produisent quels
effets au-dedans de nous ? Sans une vraie réflexion et une vraie
respiritualisation de la société, y compris dans la médecine, on n’arrivera
jamais à faire évoluer la conscience humaine ! Alors, la peur du Pr Didier
Sicart n’aura plus lieu d’être : pour l’œil intérieur, l’utopie devient une
réalité sans problème.
Vous y allez quand même fort ! Pratiquer une médecine transdisciplinaire
n’est déjà pas évident ; alors, réclamer qu’elle soit spirituelle, c’est
beaucoup demander !
C’est la remarque que j’entends le plus en France ! Quand je donne mes
conférences en Belgique ou en Suisse, cette question ne se pose jamais. En
France, je vois à l’évidence un énorme problème de culpabilité. Beaucoup de
gens me disent par exemple : « Si vous mettez en évidence un lien aussi fort
entre corps et esprit, alors on deviendra coupable de tomber malade ! » Cette
culpabilité typiquement hexagonale, je me sens obligé de la recadrer chaque
fois, en disant : « Voyons, il ne s’agit
pas de culpabilité, mais de responsabilité. Personne n’est coupable de
tomber malade, mais rendons-nous compte que nous mettons parfois en place
certaines causes, dans nos comportements, et dans nos manières de penser, qui
créent des conséquences favorisant la maladie. Reprenons donc notre
responsabilité, c’est-à-dire étymologiquement notre “habilité à répondre” ».
Et puis, il y a ce conflit spiritualité/laïcité mal digérée… Un médecin de
Perpignan m’a dit un jour, d’un ton offusqué : « Mais, monsieur, l’Ordre des
médecins ne nous autoriserait pas, en France, à parler de spiritualité avec
votre liberté ! » Je lui ai répondu : « Si vous le faisiez, vous ne feriez rien
de mal : vous réfléchiriez juste à ce qu’est un être humain et à la façon de
lui redonner sa grandeur. » Nous avons un cerveau qui gère tout le physique de
notre corps, c’est le reptilien, siège des réactions de défense, réglages de
température, système immunitaire, inflammatoire, réparateur, etc. Nous avons
aussi un cerveau plus évolué, mammifère, qui traduit l’information physique en
émotions – emovere, en latin, veut dire « mettre en mouvement », le corps, mais
aussi la pensée… créant ainsi un sentiment dans notre troisième couche
corticale, le cerveau cognitif, siège de la pensée, que nous partageons avec
les grands primates et les cétacés. Eh bien, quand on est capable de créer un
lien fluide entre ces trois niveaux, physique, émotionnel et intellectuel,
j’estime que l’on entre dans une quatrième dimension, qui est la dimension
spirituelle. Spirituel au sens de « compréhension du fonctionnement de l’esprit
», cet esprit étant, dans l’expérience humaine, à la fois physique, émotionnel
et intellectuel.
Vous utilisez ces mots dans le sens où l’anthropologue Gregory Bateson
parlait d’une «écologie de l’esprit »….
Et je ne trouve pas cette démarche déraisonnable. Dans le contexte
écologique actuel, où l’on se rend compte qu’une machination est en branle,
avec sa logique folle, qui risque de nous emmener dans des difficultés
planétaires à vitesse accélérée, il faut avoir un minimum de jugeote, pour
rectifier le tir et changer de paradigme. Nous ne faisons là que reprendre ce
que des pionniers ont dit dès les années 60. Vous citez Bateson, repensons en
effet à tous ces chercheurs, souvent des exilés allemands ou autrichiens, qui
sont allés créer en Amérique les écoles de Palo Alto, les instituts d’Esalen,
etc. Tous ces gens, souvent des psy qui avaient quitté Freud, ont commencé à
voir l’être humain d’une autre manière, pas seulement d’un point de vue mental,
en oubliant le corps, mais en utilisant toutes les portes qui mènent au cœur de
l’individu.
C’est dans cette Amérique-là que vous avez suivi une formation de
guérisseur, pendant quatre ans, après avoir abandonné une brillante carrière de
chirurgien en Belgique, où l’on vous avait choisi, par exemple, pour opérer le
roi. Étonnant parcours !
Un matin de janvier 1998, je suis arrivé à l’hôpital, où je venais
décrocher un poste de chef de clinique, au département de cancérologie de
l’Université de Bruxelles. Ma secrétaire m’a parlé et soudain, j’ai eu
l’impression qu’elle était martienne. C’était si impersonnel, mécanique,
déshumanisé ! Je me suis enfermé dans mon bureau, affolé par la perspective de
devoir passer ma vie dans ce monde-là. J’ai pris mon stylo et, en cinq minutes,
j’ai écrit ma lettre de démission au recteur de la faculté, lui demandant de
pardonner ma soudaine, mais radicale prise de conscience. À 11 heures du matin,
j’étais dehors avec l’impression de naître une seconde fois. Je suis ainsi,
quand j’ai pris conscience de quelque chose, je suis obligé de le mettre en
pratique illico. Je ne supporte pas de
ne pas être cohérent. Si j’étais resté dans cet hôpital, je serais tombé
gravement malade. Après, j’ai vécu différentes aventures rocambolesques, mais
ma vocation de thérapeute a refait surface et j’ai abouti à une grande envie :
partir aux États-Unis, étudier dans l’école de la fameuse Barbara Brennan, pour
comprendre comment fonctionnent les guérisseurs, donc le processus de guérison.
Des guérisseurs ! Vous n’aviez pas peur de passer pour un farfelu ?
Non, parce que c’était un laboratoire de recherche incroyable, avec mille
étudiants venus du monde entier, des médecins occidentaux comme moi, mais aussi
des lamas tibétains, des guérisseurs des contrées les plus reculées, des gens
formidablement étranges, mais pris dans un cadre structuré, l’école étant
reconnue officiellement, ce qui me rassurait malgré tout. La solidité de mon
background scientifique s’alliait enfin avec mon envie d’explorer des zones
inconnues. Cela dit, j’avoue que, durant ces quatre ans de formation, j’ai
plusieurs fois failli abandonner, parce que l’apprentissage du métier de
guérisseur demande un énorme lâcher prise, notamment par rapport à l’habitude de certitude dans laquelle est
formé tout médecin occidental. Ce qu’on me demandait de travailler, ici,
c’était ma qualité de présence, par exemple en pratiquant le taï chi et le qi
gong, et d’autres outils que l’on mettait à notre disposition. Ma thèse finale
s’est intitulée « Guérir par la présence »…
S’agit-il de cette dimension dont parle l’haptonomie, par exemple en
Espagne, où des accoucheurs ont appris que leur simple présence (passive !)
dans la pièce pouvait accroître les douleurs de l’enfantement, contrairement à
celle des sages-femmes, et que cette présence pouvait se travailler, au point
de renverser la tendance et de devenir bénéfique chez les accoucheurs
conscients de ces dimensions ?
Voilà ! La qualité de présence peut aussi se montrer par des exercices de
cohérence cardiaque. Certaines expériences montrent que quand votre champ
électro-magnétique change, cela modifie aussi les fréquences cérébrales de
votre interlocuteur. Nous sommes tous bel et bien dans une sorte de « reliance
vibratoire » ! Nous le vivons sans le savoir, mais des études commencent à le
montrer. Bref, dans cette Barbara Brennan School of Healing, au contact
des guérisseurs, j’ai appris ceci : pour que la santé puisse habiter un être,
il lui faut développer trois choses : de la fluidité, de la confiance, de la
cohérence. La fluidité, c’est le lâcher prise, c’est la vie : nous sommes à 75%
de l’eau et la rigidité nous tue. La confiance, c’est avoir
foi en soi, en l’autre, en la vie, en la guérison. Quant à la cohérence,
elle signifie que je dois essayer à tout moment de savoir ce que je pense vraiment
au fond de moi et m’axer dessus. Suis-je guidé par mes peurs ? En ce cas, je
dois tâcher de les dissoudre, la défense n’est jamais une bonne voie. La
cohérence, c’est dire ce que je pense et faire ce que je dis, c’est-à-dire
adhérer pleinement à ce que je crois – si je crois que cette pilule va me
guérir, que ce marabout va me soigner, ça va marcher. Les guérisseurs m’ont
appris à aider les gens à réinstaurer ces trois dimensions en eux. Le drame de
l’homme occidental, c’est qu’il veut tout prouver et de ne plus rien croire. Du
coup, il ne guérit plus dans sa globalité, physique, psychique et sociale.
Mais la cohérence vous interdit précisément de faire semblant de croire !
Il vous a donc fallu réussir à hisser votre foi au niveau de votre raison de médecin,
de scientifique ?
Barbara Brennan est une guérisseuse new-age : elle croit vraiment qu’elle
voit objectivement le « Bouddha bleu de la médecine », qu’elle est entourée de
guides, d’archanges, enfin toute la panoplie ! Je pense que ça la met dans un état
de cohérence intense. Si le patient en face d’elle entre dans cette cohérence,
ça lui permet de retrouver sa fluidité, sa confiance et sa propre cohérence… Il
n’est pas faux que, dans l’ombre de ces gens, il y a un désir de toute
puissance. De ce point de vue, ils sont typiquement occidentaux. C’est avec cet
orgueil que les religions du Livre ont colonisé le monde. À partir du moment où
vous vous dites en contact avec une vérité révélée extérieure, qui est
l’Éternel, ou le Fils de Dieu, ou l’Esprit d’Allah, vous vous permettez de dire
: « J’ai la Vérité et vous devez me croire ! » Barbara Brennan est un peu comme
ça. C’est aussi pour ça que, plus d’une fois, j’ai eu envie de quitter son
école… Le problème, c’est que chaque fois que je commençais à douter de ce que
je faisais, mon efficacité chutait à pic. Je restais un thérapeute honnête,
mais je perdais cette qualité de présence qui permet de débloquer des problèmes
parfois de façon ahurissante. Je me suis donc demandé comment continuer à
adhérer à l’essence de ce qu’on m’apprenait, sans passer par le folklore de ces
gens. Ou plutôt : comment m’en remettre à mon propre folklore, à mes mots, à ma
culture ? Moi, ma culture est scientifique et je sais qu’au fond de moi, ma
quête est là : je vais devoir mener une recherche de fond, scientifique, sur la
confiance, la fluidité et la cohérence. Et j’espère qu’à 60 ans, je serai un
guérisseur qui ne publiera plus rien, mais qui aura réintégré sa culture dans
son acte de guérison.
Entre la fluidité, la confiance et la cohérence, c’est le troisième terme
qui revient le plus souvent dans votre bouche…
J’accompagne beaucoup de patients dans le cancer. Je me rends compte qu’il
y a toujours chez eux quelque chose qui a quitté la cohérence. On peut les
aider énormément, au cours de leur maladie, en les aidant à retrouver du sens,
à savoir ce qu’ils veulent vraiment dans la vie, à le dire, à l’assumer et, du
coup, parfois, à ressortir de la maladie, qui aura joué le rôle d’un catalyseur
de changement. Cela dit, la confiance, c’est-à-dire la foi, est aussi
importante que la cohérence. Le patient doit y croire, mais le médecin aussi !
Essentielle est la façon dont il annonce les choses à ses patients. Trop de
médecins ne réalisent pas l’impact qu’a leur moindre parole. On me rapportait
récemment le cas d’une femme soignée pour un cancer, qui attend anxieusement
ses résultats et à qui son médecin dit : « C’est pas mal, la tumeur a disparu.
» Elle s’étonne : « Pas mal ? Vous voulez dire que c’est génial, non ? » Et lui
: « Soyons prudent, madame, on n’est jamais à l’abri d’une récidive. » L
Le lendemain, cette femme avait 39° de fièvre, avec chute brutale de son
immunité. J’ai interpellé le cancérologue, que je connais, sur cette réponse
irresponsable. Il m’a rétorqué : « Comment veux-tu que j’aie de l’espoir, ma
femme est morte du même cancer ! » J’étais furieux : « Alors change de métier !
Si toi-même, tu ne crois pas à la possibilité de guérison de tes patients,
comment veux-tu qu’eux y croient ?! » La croyance en la guérison est
indispensable pour guérir. Nous avons besoin de « médecins guérisseurs » qui
croient à quelque chose de puissant.
Pensez-y !